Parcourir le Causse de Mejean, c’est s’enfoncer peu à peu dans un monde presque où dominent, à perte de vue, les plaines nues tapies de pelouses sèches et de landes à Buis rivalisant avec les roches sédimentaires blanchâtres, datant du jurassique, qui culminent à plus de 1 500 mètres.
En arpentant le Causse de Mejean, on a l’impression d’être complètement insignifiant au milieu de cet immense espace semi-désertique de 34 000 hectares marqué par quelques menhirs et dolmens, vestiges des civilisations anciennes. En partant de Meyrueis, on se lance dans une longue traversée silencieuse où la rêverie et la fascination sont, de temps à autre, perturbées par le vol inquiétant des vautours et le chant des alouettes. Classé Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, le Causse de Méjean reflète une certaine fragilité malgré son environnement rude et son climat chaud et humide.
Les amateurs de grands espaces ne pourront que tomber en admiration devant ce vaste paysage désert que les herbes ont peuplé au fil des siècles. À quelques endroits à l’ouest, de petites forêts de pins sylvestres et de bois de hêtres apportent un peu de fraicheur à cet endroit soumis aux caprices du soleil. Dans les vallées du causse, on s’enfonce dans un univers différent peuplé de chênes verts.
Parler du Causse de Mejean, c’est également évoquer la vie des paysans qui vivent majoritairement de l’élevage de brebis et de moutons dans ce monde presque abandonné de toute vie. Situé en Lozère, au cœur du Massif central, le Causse de Mejean est délimité par les vallées de la Jonte (sud), la vallée du Tarn au nord et la vallée du Tarnon à l’est.
Treize communes se partagent le Causse de Méjean, dont Hures-la-Parade, vestige de l’ère romane, ou encore la commune de Saint-Pierre-des-Tripiers, au sud-ouest du causse. À l’orée des quelques villages lovés au creux des collines du causse, on aperçoit de petits champs de blé dorant sous le soleil méditerranéen. Quelques bergers traversent en silence le désert, bercés par le bêlement de leurs moutons et luttant vainement contre les vents du nord-ouest. Mais les Caussenards ne quitteront pour rien au monde cette vie de bohème dans cet univers désertique qui cache pourtant bien des secrets.
Prônant à une altitude minimale de 800 mètres, le Causse de Mejean se trouve en plein milieu du Causse de Sauveterre et le causse Noir. Si la surface du plateau offre un spectacle désolé et pittoresque, les entrailles du causse pullulent de magnifiques galléries érigées par les eaux de pluie souterraines qui rejoignent, dans le bas des vallées, les rivières du Tarn et celles de la Jonte. Ces multiples réseaux hydrauliques sont d’ailleurs à l’origine de ces superbes puits naturels et grottes comme la grotte Amélineau ou encore l’aven Armand. En admiration devant la résurgence des eaux d’infiltration, on oublie rapidement ce paysage paré d’une couleur brun sombre qui cède sa place à une nature verdoyante grouillante de vie.